“Para minha grande surpresa, eu não conseguia mais ler romances
policiais. Mas assim que eu abri ‘As Maravilhas celestes’, que estampava
na folha de rosto esta indicação: ‘Leituras para a noite’, eu adivinhei
o quanto essa obra seria valiosa para mim. Nebulosas. A Via Láctea. O
mundo sideral. As constelações do Norte. O zodíaco, os universos
longínquos… Enquanto eu avançava pelos capítulos, eu não sabia mais por
que eu estava deitado naquela cama, naquele quarto de hotel. Eu tinha
esquecido onde eu estava, em que país, em que cidade, e isso não tinha
mais importância. Nenhuma droga, nem o éter, nem a morfina, nem o ópio
não me teria proporcionado aquela paz que me invadia pouco a pouco. Eu
só precisava virar as páginas. Desde muito tempo deveriam ter me
aconselhado tais ‘Leituras’. Isso teria me evitado tormentos inúteis e
noites agitadas. A Via Láctea. O mundo sideral. Enfim, o horizonte para
mim se ampliava até o infinito, e havia uma doçura extrema em ver de
longe ou em imaginar todas aquelas estrelas variáveis, temporárias,
apagadas ou desaparecidas. Eu não era nada naquele infinito, mas eu
podia enfim respirar.”
Patrick Modiano. Accident nocturne. Paris: Galllimard, 2003, p. 142-3
No original: “À ma grande surprise, je ne parvenais plus à lire les romans policiers. Mais à peine avais-je ouvert ‘Les Merveilles célestes’ qui portait sur la page de garde cette indication: ‘Lectures du soir’, que je devinais combien cet ouvrage allait compter pour moi. Nébuleuses. La Voie lactée. Le monde sidéral. Les constellations du Nord. Le zodiaque, les univers lointains… À mesure que j’avançais dans les chapitres, je ne savais même plus pourquoi j’étais allongé sur ce lit, dans cette chambre d’hôtel. J’avais oublié où j’étais, dans quel pays, dans quelle ville, et cela n’avait plus d’importance. Aucune drogue, ni l’éther, ni la morphine, ni l’opium ne m’aurait procuré cet apaisement qui m’envahissait peu à peu. Il suffisait de tourner les pages. On aurait dû, depuis longtemps, me conseiller ces ‘lectures du soir’. Cela m’aurait évité bien des tourments inutiles et des nuits agitées. La Voie lactée. Le monde sidéral. Enfin, l’horizon pour moi s’élargissait jusqu’à l’infini, et il y avait une extrême douceur à voir de loin ou à deviner toutes ces étoiles variables, temporaries, éteintes ou disparues. Je n’étais rien dans cet infini, mais je pouvais enfin respirer.”
No original: “À ma grande surprise, je ne parvenais plus à lire les romans policiers. Mais à peine avais-je ouvert ‘Les Merveilles célestes’ qui portait sur la page de garde cette indication: ‘Lectures du soir’, que je devinais combien cet ouvrage allait compter pour moi. Nébuleuses. La Voie lactée. Le monde sidéral. Les constellations du Nord. Le zodiaque, les univers lointains… À mesure que j’avançais dans les chapitres, je ne savais même plus pourquoi j’étais allongé sur ce lit, dans cette chambre d’hôtel. J’avais oublié où j’étais, dans quel pays, dans quelle ville, et cela n’avait plus d’importance. Aucune drogue, ni l’éther, ni la morphine, ni l’opium ne m’aurait procuré cet apaisement qui m’envahissait peu à peu. Il suffisait de tourner les pages. On aurait dû, depuis longtemps, me conseiller ces ‘lectures du soir’. Cela m’aurait évité bien des tourments inutiles et des nuits agitées. La Voie lactée. Le monde sidéral. Enfin, l’horizon pour moi s’élargissait jusqu’à l’infini, et il y avait une extrême douceur à voir de loin ou à deviner toutes ces étoiles variables, temporaries, éteintes ou disparues. Je n’étais rien dans cet infini, mais je pouvais enfin respirer.”
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