On écrit, en général, parce qu'on a beaucoup lu. Et cela peut devenir une raison de vivre. "Écrire a tourné à l'habitude, pour ne pas dire à la manie", avoue Roger Grenier. "Une manie dans laquelle je m'enfonce chaque jour davantage, de sorte qu'à présent, je suis incapable de goûter aucune autre activité, aucune autre distraction." Ce démon-là a été exprimé avant lui par plus d'un auteur, mais avec des inflexions différentes. Écrire pour combattre la solitude (Montaigne), pour se défendre des offenses de la vie (Pavese) ou apaiser une angoisse (Nerval). Écrire pour être aimé (Barthes) ou pour revivre par la plume des plaisirs désormais interdits (Casanova). Écrire parce qu'on "n'est bon qu'à ça" (Beckett) et d'ailleurs "que faire d'autre ?" (Sartre). Écrire pour laisser une trace, "mériter une petite immortalité" (Scott Fitzgerald). Albertine Sarrazin déclarait même que sa principale motivation était que des gens, à l'avenir, lisent ses livres. Mais "qui ouvre aujourd'hui la porte d'une librairie pour acheter La Cavale ou L'Astragale?" demande, sans méchanceté, Roger Grenier. A l'inverse, il cite ce cri étrange de Flaubert, dans ses dernières heures: "Je vais mourir et cette pute de Bovary va vivre!"
Robert Solé, Le Monde
Robert Solé, Le Monde
Um comentário:
Gostei do texto deste jornalista francês.. Porque escrever?
Escrever é conhecer-se; como dizia Clarice Lispector, "é lembrar-se do que nunca existiu"!
O escritor se distrai ao escrever e os leitores se engrandecem a partir da idéia.
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