segunda-feira, 10 de dezembro de 2007

J'accuse

Um dos mais ruidosos casos de erro judicial da história moderna da França envolveu Alfred Dreyfus (1859-1935), capitão do estado-maior geral do exército francês, numa acusação de espionagem em favor da Alemanha, por terem sido encontrados documentos com a sua caligrafia falsificada junto ao adido militar alemão em Paris. Foi, por isso, condenado à prisão perpétua na ilha do Diabo, na costa da Guiana Francesa. Em 1898, foram descobertas evidências de sua inocência e da culpa do major francês Esterhazy, espia alemão. Mas o segundo julgamento manteve o resultado do primeiro, provocando a indignação do escritor Émile Zola [foto acima] (1840-1902) que escreveu uma carta aberta ao presidente da França intitulada J’Accuse para denunciar a farsa. O escândalo dividiu a opinião pública entre dreyfusards (a esquerda progressista) e anti–dreyfusards (a direita conservadora), e surgiram fortes ataques anti–semitas por parte da direita, e anti–clericais, à esquerda — por ser Dreyfus judeu e a Igreja ligada ao Estado. Os debates arrastaram–se por mais oito anos, até o capitão ser totalmente inocentado, em 1906, tendo os jornais aproveitado do fato para fazer sensacionalismo.
A seguir segue o trecho final da carta aberta endereçada ao presidente da França, escrita pelo autor de
Germinal, Émile Zola, em 1898. Se os escritores e intelectuais brasileiros tivessem a mesma coragem [o que não é o caso], teríamos, nos jornais do Brasil, dez J'accuse por dia:

[...] J'accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d'avoir été l'ouvrier diabolique de l'erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d'avoir ensuite défendu son oeuvre néfaste, depuis trois ans, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.

J'accuse le général Mercier de s'être rendu complice, tout au moins par faiblesse d'esprit, d'une des plus grandes iniquités du siècle.

J'accuse le général Billot d'avoir eu entre les mains les preuves certaines de l'innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées, de s'être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver l'état-major compromis.

J'accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s'être rendus complices du même crime, l'un sans doute par passion cléricale, l'autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre l'arche sainte, inattaquable.

J'accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d'avoir fait une enquête scélérate, j'entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un impérissable monument de naïve audace.

J'accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d'avoir fait des rapports mensongers et frauduleux, à moins qu'un examen médical ne les déclare atteints d'une maladie de la vue et du jugement.

J'accuse les bureaux de la guerre d'avoir mené dans la presse, particulièrement dans l'Éclair et dans L'Echo de Paris, une campagne abominable, pour égarer l'opinion et couvrir leur faute.

J'accuse enfin le premier conseil de guerre d'avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j'accuse le second conseil de guerre d'avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d'acquitter sciemment un coupable.

En portant ces accusations, je n'ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation. Et c'est volontairement que je m'expose.

Quant aux gens que j'accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n'ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l'acte que j'accomplis ici n'est qu'un moyen révolutionnaire pour hâter l'explosion de la vérité et de la justice.

Je n'ai qu'une passion, celle de la lumière, au nom de l'humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n'est que le cri de mon âme. Qu'on ose donc me traduire en cour d'assises et que l'enquête ait lieu au grand jour ! J'attends.

Veuillez agréer, monsieur le Président, l'assurance de mon profond respect.

Émile Zola, 13 janvier 1898

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